Le Château de Duras

Hostellerie des Ducs Hotel Restaurant Duras 720

Découvrez le Château de Duras, situé en face de l'Hostellerie des Ducs. 

C’est sur un coup de colère qu’est né ce monument. Guillaume Amanieu, vicomte de Bezaume, souhaitait construire une forteresse sur le piton dominant la plaine du Drot et par delà celle de la Garonne…

Au pied de cette éminence une ville : Saint Eyrard, une ville importante. Le vicomte de Bezaume somma les habitants de monter sur le coteau pour construire « son » château. De plus il ajouta qu’ils devraient s’installer autour du château qui s’ouvrirait pour les accueillir en cas d’envahissement….

1137 : la première grande date de l’histoire de Duras, nous sommes au mois de juillet, on fête les épousailles d’Aliénor d’Aquitaine et du futur roi de France. Au cours du repas de fête, Guillaume annonce que son « castrum » a été construit …. C’est la première fois que des archives mentionnent l’existence du « castrum » de Duras.

Et puis un grand voile noir tombe sur l’histoire du château, la famille de Bezaume disparaît !

1308 : le château revient par héritage à la famille de Goth.

L’un des membres dont le nom est resté dans l’Histoire est Bertrand de Goth devenu pape, le premier pape français sous le nom de Clément V. Et Clément V finance (avec l’argent des templiers peut être) la reconstruction du château et la construction du château de Villandraut… Ces deux châteaux font partie des châteaux « clémentins ». C’est sa nièce Marquésie de Goth qui reçoit le château en apanage. En épousant Arnaud de Durfort, Marquésie allait donner naissance à une lignée qui allait posséder le château jusqu’au milieu du XIX éme siècle.

Pendant 3 siècles l’Aquitaine est restée possession anglaise, tout cela à cause du remariage d’Aliènor d’Aquitaine avec Henri Plantagenêt devenu roi d’Angleterre. Celle qui par deux fois a été reine a apporté en dot sa blonde Aquitaine à sa nouvelle patrie. Et voilà comment cette province sera objet de conflits entre les deux pays.

Duras est situé en Guyenne, c’est à dire en Aquitaine anglaise. On soutiendra toujours ici la cause des « léopards », la cause anglaise, on luttera toujours contre le royaume des Lys (royaume de France). Cela vaudra à la ville de Duras d’être prise par du Guesclin en 1377. La ville fut mise à sac et le château à mal.

17 juillet 1453 : la bataille de Castillon consacre la victoire de la France, l’Aquitaine redevient française.

Est-ce la fin de Duras et de la famille de Durfort ?

Que nenni ! Le pays va s’engager dans un nouveau conflit celui opposant les catholiques aux membres de la religion réformée. Et c’est assez logique puisque à Nérac réside Marguerite d’Angoulême, la sœur du roi de France François Ier. Cette dernière fine lettrée reçoit de nombreuses personnalités parmi lesquelles certains membres de l’église réformée, elle recevra Clément Marot, Théodore de Bèze et même Calvin (en partance pour Genève). Marguerite d’Angoulême a épousé en seconde noces Henri d’Albret. Leur fille Jeanne d’Albret sera la dernière reine de Navarre, son fils Henri III de Navarre est plus connu sous le nom d’Henri IV.

Duras se trouve en plein cœur de cette région où l’on sacrifie à la religion protestante. Et Duras jouera la carte protestante. Tant et si bien d’ailleurs que Jeanne d’Albret sera accueillie au château…. Où elle préparera l’accession de son fils au trône de France.

A peine son mariage avec la reine Margot célébré, Henri doit se replier sur Nérac … Le massacre de la saint Barthélemy l’oblige à quitter Paris ! Pendant dix ans Nérac deviendra ville royale !

1589 : Henri IV est intronisé roi de France. Il quitte le sud ouest pour toujours.

Dès son arrivée au pouvoir il promulgue l’Edit de Nantes.

C’est la paix en pays de Duras… Enfin presque car Louis XIII va -pendant toute la période de son règne- lutter contre les protestants.

Arrive Louis XIV. Le roi Soleil va chercher à « attirer » ces familles nobles protestantes. Voilà pourquoi il va suggérer à la famille de Durfort de se convertir au catholicisme…. Les Durfort vont fort habilement se sortir de ce dilemme. Jacques de Durfort se pliera aux exigences royales… fort habilement. Il expliquera qu’il va –avec sa famille- aller écouter deux prêches un fait par un prédicateur protestant, l’autre prononcé par un prêtre catholique. Le prédicateur de la religion réformée était de La Sauvetat du Dropt, il s’appelait Jean Claude, c’est Bossuet qui monta en chaire pour les catholiques….

Et la famille de Durfort se convertit au catholicisme !

Jacques Henri devint Duc et pair de France, son frère Louis partit en Irlande, il devint vice roi de l’île et professeur de guerre de l’arrière grand père de Churchill. Louis duc de Feversham prit la nationalité anglaise.

La famille de Durfort va vivre désormais à Versailles !

Jacques Henri transformera la sombre forteresse en un château de plaisance seront démolies deux tours, sera construite la cour d’honneur et seront construites dans la ville de superbes écuries, s’élèvera en contre bas du château l’orangerie.

La famille de Durfort ne viendra plus guère au château. Monsieur de Durfort sera nommé ambassadeur en Autriche.

Cet ami de Choiseul avait été envoyé en mission par ce dernier pour négocier le mariage de l’archiduchesse Antonia avec le futur Louis XVI.

1789 : la révolution

Emmanuel Félicité quittera le château. Il en sera de même pour son fils Amédée Malo. Ce dernier rencontrera à Londres une jeune fille venue de la Martinique Claire de Kersaint. Les jeunes gens se marieront à Londres à minuit dans une écurie transformée en chapelle.

Le duc et la duchesse reviendront à Duras. Ils retrouveront leur château dans un bien piètre état…

Lakanal avait donné l’ordre de tronquer les tours : les pierres auraient dû servir à construire des écluses pour rendre le Drot navigable.

Ils rachèteront le château.

Claire de Kersaint souhaitera se rapprocher de Paris. Le duc lui offrira le magique château d’Ussé. Puis, les Durfort s’installeront définitivement à Paris. Claire de Kersaint écrira un certain nombre de livres.

C’était au XIX éme siècle une femme écrivain reconnue dans les sphères littéraires. Ses manuscrits se trouvent à la Bibliothèque Nationale.

La famille de Durfort quitte définitivement le château de Duras.

Et alors commencera une longue période où petit à petit au gré de ses propriétaires, le château vivra une « descente aux enfers ».

Le chanoine Aureille qui en fut propriétaire aurait voulu le transformer en église : chantier pharaonique… Dans la cave du château sont restés pendant plusieurs années les piliers d’une chapelle. Ils ont disparu aujourd’hui.

Un certain Victor Hugo Duras, personnage … bizarre l’a acquis juste avant la guerre…. A son décès, il fallut retrouver ses descendants ce qui mit un certain temps.

Puis le château fut acheté successivement par 2 SARL qui ne le transformèrent jamais comme elles l’avaient souhaité. Le château se désagrégeait petit à petit, c’était devenu une ruine qui portait haut et qui se dressait toujours fièrement sur son coteau.

Un petit groupe de duraquois se mit en tête de le sauver. Voilà pourquoi lorsque le château fut mis aux enchères, c’était il y a juste 50 ans. La commune se porta acquéreur.

20 mars 1969 : Seconde grande date de l’histoire du château ducal, la date de sa résurrection !

Depuis, de nombreux plans de restauration ont été mis en place impliquant l’Etat, la région le département et la commune.

Aujourd’hui le château a retrouvé son âme.